Journal de bord #5

Les agents de contamination au sein des Archives

 

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Les documents peuvent subir diverses dégradations dues à différents éléments extérieurs dit exogènes, qui prennent diverses formes (insectes, moisissures...), mais aussi à des facteurs endogènes, c'est-à-dire, propres aux documents.
Le récolement au sein de nos Archives municipales de Béziers a permis de dresser un état de lieu de nos fonds et de mettre en lumière d'éventuelles contaminations.

 

1- Les insectes

Le type d'insectes présents dans les documents varie selon le support.
Pour le papier, nous pouvons par exemple rencontrer des lépismes, appelés plus communément "poissons d'argent", des psoques (poux du livre), des blattes ou vrillettes.

 

Pour le cuir et le parchemin, nous retrouvons également des blattes et des psoques, mais aussi des anthrènes et des dermestes.
Enfin, le bois est généralement infesté par des termites, des vrillettes ou des capricornes..

Les insectes se développent lorsque plusieurs conditions sont réunies : des éléments nutritifs présents sur le papier ou en surface, une température et un taux d'humidité favorables, de l'obscurité ou une absence de ventilation. Afin de ralentir le développement et la propagation des insectes, plusieurs moyens de prévention peuvent être utilisés : l'entretien régulier des locaux ou l'utilisation de pièges à insectes. Une congélation préventive peut également être menée. Celle-ci a pour but de geler les insectes qui sont constitués en majorité d'eau.

 

 

2- Les moisissures

Lorsque les conditions de bonne conservation ne sont pas respectées, les documents peuvent être recouverts de poussière ainsi que de moisissures. Les moisissures sont des champignons microscopiques qui restent dans l'atmosphère ou se déposent sur les objets.
Une famille de moisissure est très présente au sein des archives: les saprophytes. Elles se développent quand la température et le taux d'humidité sont trop élevés, et se propagent par l'air (grâce aux spores), par contact (des vêtements, des chaussures) et par l'eau.

D'autres facteurs favorisent la diffusion la contamination des documents : le manque d'aération et le déplacement des documents lors de leur consultation en la salle de lecture. C'est pourquoi il convient de se montrer vigilants pour identifier au plus tôt une contamination.

Les moisissures sont reconnaissables grâce à différents indices (odeur de renfermé, tâches de couleur), qui peuvent être confirmés par une analyse biologique. Des solutions préventives comme le dépoussiérage et le nettoyage régulier des fonds et des locaux limitent le risque de contamination. Le processus de déshumidification permet également de se prémunir du danger représenté par les moisissures, en améliorant les conditions de conservation des documents.

Pour venir à bout de la moisissure, le traitement comporte différentes étapes :

• identification du type de contaminant grâce à un prélèvement
• déplacement des fonds
• traitement de l'infection, avec de l'oxyde d'éthylène si l'infection est importante.

 3- Le document lui-même

Le document lui-même a un impact sur sa bonne conservation.
En effet, le papier est constitué de cellulose, d'hémicellulose et de lignine, qui sont des composants d'origine naturelle, dont la proportion varie en fonction de la provenance du papier et de sa période. Fortement sensibles à l'oxydation, ces constituants sont également soumis à une dégradation chimique, qui peut être ralentie par de bonnes conditions de conservation.

Outre le papier, les encres présentent également un risque pour le document. Il existe deux types d'encres : l'encre carbone et l'encre métallo-gallique, largement plus répandue que la première. Avec le temps, les encres métallo-galliques, acides, peuvent « attaquer » et ronger le papier. Si elles sont laissées au contact de la lumière, elles peuvent également entraîner l'apparition de tâches brunes.

Pour traiter les documents atteints, il existe deux solutions : un traitement curatif chimique, qui consiste à désacidifier les documents puis à utiliser un produit protecteur appelé phytate ; et un traitement de restauration physique, qui prend la forme d'un encollage et doublage du papier abîmé.

À noter que les papiers les plus anciens, à l'instar du papier chiffon, se conservent beaucoup mieux que nos papiers actuels. Constitués de fibres de tissu, ils sont moins acides et résistent mieux à l'épreuve du temps.